
Córdoba
Me voici donc à Córdoba, deuxième ville la plus peuplée d’Argentine après Buenos Aires et avant Rosario. Elle est aussi ma dernière ville de résidence en Amérique du Sud, avant mon retour en Suisse.
Banque de Córdoba, début bâtiment et fin Hôtel de Police HEP Argentine Nouveau bât. de la Législature
Córdoba compte un peu plus de 1’428’000 habitants, dont 12 % sont des étudiants universitaires, une des proportions les plus élevées du monde. Elle est située à 390 mètres d’altitude et à environ 710 km de la capitale Buenos Aires. Dans la province de Córdoba, il y a souvent du vent car elle se trouve sur la diagonale éolienne des vents appelés pamperos, vents froids accompagnés de fortes rafales qui soufflent du sud-ouest et qui proviennent de l’Antarctique.
Plaza Colón
D’ailleurs, je me rends compte qu’il est très difficile d’entrer dans le printemps. Par exemple un jour il fait 36 degrés et quatre jours plus tard, il fait 14 degrés… Et, de ce que j’ai pu constater depuis quelques semaines, ces changement ne sont pas exceptionnels.
Quelques signes qui annoncent tout de même un changement de saison :
Arbre à coton
Deux rivières traversent la ville, le río Primero et La Cañada. Ces deux cours d’eau sont partiellement canalisés afin d’éviter les nombreuses inondations que ses crues ont provoqué jusque vers 1930. La ville compte également plusieurs ruisseaux qui se jettent dans les deux rivières principales.
Córdoba conserve de nombreux monuments historiques liés au passé colonial, en particulier des églises catholiques. Le plus connu de ces monuments est la Manzana Jesuítica (cité jésuitique), dont fait partie l’Église de la Compagnie de Jésus, la plus vieille église d’Argentine. En 2000, elle fût déclarée Patrimoine de l’Humanité par l’Unesco.
Compagnie de Jésus Monastère de Santa Teresa Notre Dame de Carmen San Roque Des Capucins Notre Dame de Pilar Mará Auxiliadora
La Plaza San Martin est la place principale de Córdoba. L’on peut y voir un monument à l’effigie du général argentin José de San Martin. Avec Simon Bolívar et Bernardo O’Higgins (son successeur), il est l’un des héros des indépendances sud-américaines. En 1812, alors âgé de 34 ans, il s’est marié avec María de los Remedios de Escalada, une jeune fille de 14 ans. En 1850, à l’âge de 72 ans, il est décédé en France, à Boulogne-sur-Mer, son dernier lieu de résidence. Sur cette même place, l’on peut admirer la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption, l’église mère de la ville. Comme tous les monuments, elle est non seulement belle de jour, mais aussi magnifique de nuit.
Général San Martin Cathédrale depuis un autre angle…
De nombreuses ruelles piétonnes entourent cet endroit très fréquenté jusqu’au samedi en début d’après-midi. En effet, ce qui m’a stupéfaite, c’est que le samedi, dès 13 h mais au plus tard à 14 h, les magasins ferment, pour ne rouvrir leurs portes « que » le lundi matin. J’avoue ne pas bien comprendre leur « politique commerciale » pendant cette période de forte récession, dont, il est certain, la décision ne revient pas aux commerçants mais au gouvernement.
En 2006, la ville de Córdoba a été déclarée « Capitale américaine de la culture », par l’organisation du même nom, pour la richesse culturelle, intellectuelle et sociale dont elle est empreinte.
Au début de mon séjour, je dois avouer avoir bien galéré pour trouver les différents lieux que je cherchais, mais, après quelques jours le centre ville n’avait plus aucun secret pour moi, ou presque, car j’ai toujours un peu de peine avec les galeries qui se ressemblent toutes. Armée de mon plan de la ville, il n’était pas rare que je me renseigne directement auprès des passants, qui me répondaient très volontiers. Ici, tout comme au Pérou et en Équateur, les distances se divisent en « cuadras », soit quartiers ou blocs. En fait, chaque fois que vous traversez une rue, cela change de « cuadra ». Donc, lorsque l’on vous répond que c’est à 20 « cuadras », vous avez intérêt à prendre un bus. Ce moyen de transport nécessite une carte, différente pour les bus rouges ou les jaunes, que vous faites charger au montant de votre choix. Pour ce qui est des bus rouges, de la compagnie Ersa, la course coûtait 28 pesos (CHF 0.48), mais, depuis les primaires du 11 août 2019, le prix a augmenté à 32 pesos (CHF 0.55). Pour moi ce n’est peut-être pas beaucoup, mais pour les argentins, c’est énorme.
Le phare bicentenaire
D’ailleurs, depuis cette date, il n’est pas rare que l’Avenida de Colón, la plus grande avenue de Córdoba, soit fermée pour cause de manifestations, que ce soit par rapport à la crise monétaire, à la crise alimentaire, ou les taxis qui se révoltent contre l’entreprise Uber.
Un détail qui peut surprendre, c’est que, une même rue peut changer de nom comme, par exemple, l’Avenida de Colón, se transforme, à un moment donné, en Avenida Emilio Olmos. Donc, s’il arrive que le chauffeur de taxi vous contrarie sur votre destination, vous pouvez lui faire confiance.
Toujours en ce qui concerne les transports, un train à grande vitesse devait relier Córdoba à Buenos Aires sur 800 km. Un accord avait été signé en 2008, mais le projet a été arrêté par la crise financière. C’est bien dommage car je pense que cela aurait été une excellente alternative entre l’avion (env. 1 h 30′) et le bus (env. 12 h). Personnellement, pour me rendre dans la capitale et également à Mendoza, j’opterai pour le bus et voyagerai de nuit.
Ce qui m’étonne à Córdoba, et, après avoir parlé à quelques argentins, eux aussi ne comprennent pas, c’est que, à plusieurs endroits du centre ville, des clochards s’approprient carrément un endroit en y construisant une baraque ou, comme à la Plaza San Martin, qui est tout de même le coeur de la ville je dirai, d’y entreposer son matelas et ses affaires personnelles, la nuit terminée. Par exemple, tout près du terminal d’omnibus, il y en a deux qui dorment toutes les nuits et 150 m plus loin, carrément un « campement » installé sous un pont. Et ils ne sont jamais inquiétés par la police.
Des gens vivent sous ces cartons!… Carrément un… appartement!…
Avant que j’arrive ici, tout le monde me disait du bien de cette ville, alors oui, les bâtiments, les églises et les places sont propres, mais où je loge, un peu dans la banlieue, les rues sont très sales, malgré les efforts que font les habitants pour percher leur poubelles afin que les chiens ne les fouillent pas. Enfin, je dis les chiens, mais, près de mon quartier, j’ai déjà aperçu plusieurs personnes farfouiller dans les containers d’ordures… Il existe un « commerce » de récupération de cartons car, quotidiennement je vois des hommes tirant des carrioles remplies de cartons écrasés, « roulant » rarement sur les trottoirs car souvent bondés, mais plutôt avec précaution et sans se faire klaxonner, directement sur la rue, que cette dernière soit à grand trafic ou non.
Dans les rues de la ville, il n’est pas rare de voir des citronniers ou des orangers. Nous avons d’ailleurs un bel exemple de citronnier devant la maison. Au début de mon séjour, alors que je me promenais, j’ai vu une orange par terre, au pied de sa source. Je me suis dite « chouette je vais pouvoir goûter un fruit fraîchement tombé de son arbre »! Mal m’en a pris, car les fruits des arbres qui se trouvent en ville sont on ne peu plus amers. En général, ils les utilisent pour en faire de la marmelade. Je l’ai immédiatement craché car vraiment infect. Par contre les citrons sont très bons et moins amers que ceux que l’on trouve sur le marché.
Quant à la nourriture, ce sont de grands fans de « Dulce de leche » une crème à tartiner à base lait et de sucre. Le goût est donc exactement le même que celui des caramels mous, sauf que la consistance est semi-liquide. C’est un combat éternel pour moi, lorsque je passe devant les innombrables boulangeries et que je respire la merveilleuse odeur de leurs « facturas » (viennoiseries à la crème vanille, confiture ou dulce de leche), de ne pas y entrer. Par contre j’achète régulièrement des « criollos », sorte de tailler sans greubons, vendus la plupart du temps sous forme de petit carré. Pour la dernière photo, la première semaine de mon séjour à Córdoba, j’ai suivi des cours d’espagnol. Tous les jours un élève apportait des « facturas » (viennoiseries) pour tout le monde.
Criollo Pastelito Facturas
Á tous les coins de rue, je dois également lutter lorsque les agréables effluves d’amandes ou cacahuètes grillées qui agacent mes narines. J’ai déjà de la peine lorsque je passe devant l’unique stand mobile à Yverdon-les-Bains, alors je ne vous explique pas ici… Pour dire, et ce n’est pas une critique, juste un constat, le taux d’obésité est très important en Argentine. Mais quand je vois ce qu’ils mangent… Fast food à gogo et les boissons et desserts sont très sucrés. Intriguée, j’ai quand-même voulu goûter le « Gran black » de chez Black pain, et j’ai trouvé pas mal du tout, sauf que, une fois mon repas terminé, j’avais l’impression d’avoir les dents toutes noires.
Comme dans toute l’Amérique du Sud, ou en tout cas au Pérou et en Équateur, la spécialité de l’Argentine est l’ « empanada », un de ses plat national. A Córdoba il y en a un que je n’ai jamais vu dans les deux autres pays, c’est l’ « empanada arabe ». Il a une forme différente que les autres et ses ingrédients sont, de la viande hâchée, oignons, tomates et jus de citron. Les « lomitos » (sorte d’hamburger) et « milanesas » (viande pannée) aussi. Pour ce dernier plat, je dois dire que la plupart du temps, la viande est tellement fine, qu’elle est sèche et dure. Par contre il est très difficile de trouver de la salade avec de la sauce. En général elle est servie sans et si vous demandez des épices, l’on vous apporte de l’huile, du vinaigre blanc et du sel. La fierté de l’argentin est le « Choripan » et il paraît qu’on trouve celui qui a gagné le prix du meilleur « Choripan », dans un food truck du parc Sarmiento. Pour mon compte, j’en ai mangé un tout simple, juste par curiosité, mais il peut être agrémenté de sauce, tomates, oignons, bref, je dirais encore une autre sorte d’hamburger quoi !
Empanada arabe Empanada Choripan
En Argentine, je me sens nettement moins « gringa » que dans les autres pays que j’ai visités, et ce n’est pas désagréable. En effet, physiquement, la plupart des argentins ressemblent beaucoup aux européens, par leur grandeur et leur couleur de peau. Il est très fréquent que des personnes me demandent leur chemin ou quel bus elles doivent emprunter pour se rendre à tel ou tel endroit.
Dans la ville, il est très fréquent de voir des kiosques à l’effigie de la vache Milka. Et, lorsque l’on me pose des questions sur les spécialités de mon pays, j’en profite pour leur expliquer que le chocolat Milka a été créé en Suisse par Suchard, il y a près de 120 ans, même si, actuellement la marque est détenue par Mondelez International, une multinationale agroalimentaire américaine, et que cette marque est actuellement fabriquée, entre autre, dans une dizaine de pays européens, mais plus en Suisse. D’ailleurs, la mention « chocolat au lait suisse » a été remplacée par « chocolat au lait du pays alpin ». A Buenos Aires, j’ai passé à côté de la vache Milka et je l’ai trouvée particulièrement moche!…

