Quebrada de Humahuaca
Me voici partie pour trois jours dans le nord-ouest de l’Argentine, à Quebrada de Humahuaca, un profond canyon situé dans la province de Jujuy. Pour moi, aussi le pays du cactus car il y en avait vraiment à perte de vue.
Rendez-vous à 19 h 45 au terminal d’omnibus No 1 avec Adrián, d’Atlantidas Argentinas, organisateur de ce voyage. Là je fais la connaissance de son épouse, Lorena, qui va nous accompagner et aussi être notre guide, et de José, professeur d’histoire à l’Université Blas Pascal de Córdoba. Car, ce que j’ignorais, c’est que j’allais me retrouver avec 18 étudiants, dont 9 français, 8 américains et une mexicaine, ainsi que 3 « tuteurs », tous âgés entre 18 et 24 ans et fréquentant la même université. Nous étions donc 25 en tout !

Á 20 h 35, départ avec la compagnie Balut. Bus « cama » confortable, service impeccable, petite collation chaude et boisson offertes. Ma voisine, Mora, une jeune tutrice argentine de 19 ans est super sympa!
Arrivés au terminal de Jujuy à 8 h 15, deux mini-bus nous attendent pour nous emmener à Purmamarca, à 2’240 m d’altitude. Après avoir traversé des paysages faits pratiquement que de gravières et de fleuves asséchés, nous arrivons à destination, où, après un petit trekking de quelques minutes dans la caillasse, nous pouvons admirer la « cerro de los 7 colores » (colline des sept couleurs).
Puis, après le repas, une « Milanesa », nous partons pour les Salinas Grandes. Pour cela, nous prenons la route de la « Cuesta de Lipán », qui monte de 2’100 à 4’170 m d’altitude. En regardant en arrière, elle me rappelle la route qui monte au Glacier du Rhône. Serpentueuse à souhait. Notre mini-bus roule, je pense, à environ 20 km/h, apparemment nous avons un problème de moteur car tout le monde nous dépasse, et il n’a aucune reprise lorsque le chauffeur change de vitesse. Au prochain arrêt pour admirer la vue, je m’en inquiète auprès du chauffeur, qui me répond que c’est tout à fait normal vu le changement important d’altitude… J’adooooore quand on me prend pour une « nunuche »!… Parce que, expliquez-moi pourquoi l’autre bus roulait tout à fait correctement et pas le nôtre ?
Arrivés aux Salinas Grandes, nous profitons de faire de nombreuses photos. J’avoue que, après avoir eu la chance de me rendre aux « Salar d’Uyuni », en Bolivie, en décembre 2018, avec Enrique et Oscar, j’étais très déçue. Non pas parce que « Salar d’Uyuni » est le plus grand désert de sel au monde, mais surtout par rapport à la couleur du sel. Celui d’Uyuni est d’un blanc immaculé, et celui des Salinas Grandes, sale. En fait, l’explication est claire, à Uyuni, vu l’immense surface, nous n’avons pas vu le travail d’extraction du sel. A contrario, aux Salinas Grandes, les camions transportant le sel passent à l’endroit où les touristes s’arrêtent. Et cet endroit se trouve à proximité immédiate de la route principale. Donc, pollution oblige, le sel est sale.
Nous reprenons ensuite la route pour nous rendre à Tilcara, village où se trouve l’Hôtel Aguacanto où nous allons passer deux nuits. Je partage ma chambre avec Pauline, une jeune française très sympa, dans un complexe tout neuf. Le reste du groupe loge un peu plus loin dans des chambres à quatre, magnifiquement rustiques, avec pierres apparentes, cheminée. Les garçons qui sont au nombre de huit, bénéficient eux, carrément d’une « cabaña » rustique, avec grande cuisine, cheminée extérieure, grande pelouse. Adresse à recommander car d’une propreté irréprochable, personnel serviable et chambres bien chauffées car le matin et le soir il faisait vraiment frisquet.

Chambres rustiques 
Nouveau complexe
Le lendemain, après le petit déjeuner, départ à 8 h 30 pour Humahuaca. En route, nous nous arrêtons pour prendre quelques photos, ainsi que pour visiter une Coopérative d’artisanat de laine. Là, un guide nous explique le traitement de la laine ainsi que la signification des dessins sur les différents tissus, par rapport aux familles et aux signaux qu’ils pouvaient envoyer en tant de guerre. Visite très intéressante. Par contre, à la boutique, les prix était réellement surfaits.
Nous continuons notre chemin vers Humahuaca où nous allons voir le monument érigé à la mémoire des héros de l’indépendance de 1810 à 1823. A 12 h précises, nous assistons à un spectacle de quelques minutes du Santo Articulado qui me rappelle un peu l’horloge de la place de La Palud à Lausanne, en plus religieux.
Après le repas de midi, nous poursuivons notre route vers la chaîne de montagnes Hornocal. Cette dernière fait partie de la formation calcaire Yacoraite (connue comme site fossilifère) qui s’étend de la province de Salta en Argentine jusqu’au Pérou, longeant au passage le canyon argentin Quebrada de Humahuaca et traversant l’altiplano bolivien. Son altitude atteint 4 761 mètres.
La région de la Quebrada de Humahuaca est reconnue comme site du patrimoine culturel et naturel de l’humanité par l’UNESCO pour ses paysages de montagnes colorées. Ses flancs sont constitués de strates sédimentaires plissées en une succession de formes triangulaires aux multiples couleurs où l’ocre, le vert, le jaune, le blanc se déclinent en une trentaine de nuances. La palette de couleurs varie selon le moment de la journée et la luminosité ambiante, atteignant sa pleine intensité lorsque le soleil amorce son déclin.
Je dois dire, vraiment, que l’on s’en est mis plein les yeux. Difficile de croire que tout cela est naturel car tellement surréaliste!…

Adrián et Lorena nous expliquent la signification du drapeau carré, en damier multicolore, aux couleurs de l’arc-en-ciel, qui représente les peuples andins et leur unification, appelé communément Wiphala. C’était très intéressant. Avant de retourner aux mini-bus, nous avons tous fait une offrande à la Pachamama, la déesse de la terre. José avait creusé un trou.
Puis, Adrián nous a demandé de trouver une pierre et nous nous sommes regroupés autour du creux. Ceux qui le désiraient pouvaient y déposer un objet, quel qu’il soit. Personnellement, comme je n’avais pas du tout prévu cela, j’y ai mis un bonbon. Ensuite José a essayé de jouer un air de flûte, mais avec le manque d’oxygène, pratiquement aucun son ne sortait de l’instrument. Pour terminer nous avons, chacun à notre tour, déposé notre pierre. Nous les avons laissées ainsi, sans les recouvrir, et avons commencé l’ascension jusqu’au lieu de départ.
Et bien, pour être allée à la Montagne des 7 couleurs au Pérou, j’ai trouvé ce petit trekking beaucoup plus difficile à réaliser, pour certains, à cause de l’altitude et donc du manque d’oxygène. En effet, quand nous arrivons, pour nous approcher de cette merveille, nous commençons par descendre une pente raide, donc, facile. Par contre, pour remonter, très difficile pour certaines personnes. Heureusement, il y avait deux samaritains/ambulanciers qui veillaient au grain. Nous avons dû faire appel à leurs services pour deux jeunes filles. L’une, malgré le fait qu’elle soit arrivée au sommet, pour un manque d’oxygène important, et la seconde pour un malaise sur le chemin de retour. Tout cela a quelque peu plombé l’ambiance et, en retournant à l’hôtel, la plupart dormait dans le bus.

Le soir, Adrián nous a préparé un délicieux Asado dans la cheminée extérieure de la maison des garçons. Accompagné de salade, c’était juste ce qu’il fallait !

Le lendemain matin, à 9 h 30, dernier jour du voyage, nous partons pour el Pucará de Tilcara, le coeur archéologique de l’argentine, qui se situe à 2450 m d’altitude. Il a été découvert en 1908. Ce site où vivaient les incas, servait de forteresse en temps de guerre. Il se trouve seulement à 1 km de la petite ville de Tilcara. La plupart des constructions ne sont aujourd’hui plus d’origine. Toutefois, la visite était très enrichissante. Plus l’on monte, plus les personnes qui y vivaient étaient hiérarchiquement supérieures. Nous avons vu que le plafond des maisons était, entre autre, fait de bois de cactus, un bois très utilisé dans la construction, mais un très mauvais bois pour la combustion. Aucune habitation ne possède de fenêtre, ceci afin de préserver une température plus ou moins constante car, dans cette vallée, soufflent très fréquemment de forts vents.




Le pays du cactus! 

A la fin de la visite, nous avons pu voir des trous, qui, en fait, étaient des tombes. Les personnes y étaient enterrées dans la position du fœtus et, il était très fréquent que plusieurs personnes – en général de la même famille – soient enterrées de cette façon, les unes à côté des autres, dans le même trou.
La visite terminée, nous montons dans les bus pour la dernière visite du week-end, la Garganta del Diablo. Ce nom revenant fréquemment en Amérique du Sud, après avoir posé la question sur son origine, Adrián m’a répondu qu’en fait, il s’agit de vallées profondes et étroites, souvent en forme de U et, lorsque l’on arrive dans la courbe du U, on y trouve, la plupart du temps, une cascade.
Sur la dernière photo, je pose avec Ben, un jeune américain super drôle. Petite anecdote. Ben adore le rugby et avait pris son ballon. Lors d’un arrêt, il jouait avec trois autres jeunes. Je les regardais et, à un moment donné, Ben a raté le ballon. C’était incroyable et drôle à la fois, digne d’un ralenti! Au lieu d’essayer de le reprendre immédiatement, il l’a regardé et, après un temps d’arrêt sur image, il a plongé mais c’était trop tard, le ballon dégringolait dans le précipice. Aucune possibilité d’aller le chercher. Ben était couché, dépité, la tête au bord du gouffre. Je me suis quand-même dit que c’était une chance qu’il n’ait pas plongé un mètre plus loin…



Sosie de la Cantuta 


Á un moment donné, alors que nous nous dirigions vers la cascade, Adrián nous a dit que si nous étions sages, nous aurions une surprise avant de remonter jusqu’au départ. Comme il se faisait faim et soif, nous espérions que la surprise irait dans ce sens. Alors pas du tout ! Et je fus la première déçue. Arrivés à un endroit où nous étions sensés remonter, Adrián nous a indiqué une échelle, que nous devions, dans un premier temps, descendre, dans les gorges. Sujette au vertige, j’étais très perplexe, mais tout le monde était aux petits soins… Une fois tous descendus, nous avons poursuivi sur une petite plate-forme bétonnée jusqu’à l’entrée d’un petit tunnel, très bas. Là, Adrián nous a demandé d’enlever nos chaussures et nos chaussettes. Nous les avons laissées sur place et sommes entrés dans le tunnel, dans une eau glacée qui, selon les dires de José, aurait dû nous arriver jusqu’aux genoux, mais ouf !, nous en avions seulement jusqu’aux mollets. Arrivés de l’autre côté, nous avons profité de la vue et avons fait une sorte de résumé participatif de notre week-end. Alors que nous allions faire demi-tour, quelle ne fût pas notre surprise de voir des touristes arriver par le haut avec leurs chaussures aux pieds. Adrián nous avait bien eus ! Nous voilà donc repartis, les pieds dans l’eau.
Une fois tous remontés dans les bus, départ pour Tilcara. Après le repas pris en commun, nous avions tout l’après-midi de libre et en avons profiter pour nous reposer, au soleil, sur la pelouse des garçons. Je suis ensuite allée me promener dans le village pour prendre quelques photos.
Tout au long de nos virées, nous avons vu, à plusieurs reprises, que la culture des champs se faisait, non seulement en utilisant ânes et chevaux, mais aussi des hommes. Et, en traversant certains villages, je me disais que, même moi qui ne m’y connais pas grand chose dans la construction, j’aurais pu bâtir ma maison en un jour. Quatre murs de briques en ciment et un toit en tôle. Sans oublier quelques pierres pour l’empêcher de s’envoler au premier coup de vent.
A 20 h, nous étions dans le même bus qu’à l’aller, aux mêmes places, et sommes arrivés à 8 h 30 à Córdoba. Les jeunes devaient attendre un bus qui les conduirait à l’Université. J’en ai profité pour leur dire au revoir, puis ai sauté dans mon « colectivo » pour rentrer à la maison.
Week-end vraiment génial, rien à redire, tout était parfait et une super équipe, drôle et sympa! S’il y a un voyage organisé que je devais faire en Argentine, c’était bien celui-là, car beaucoup trop compliqué à planifier, en tout cas pour une personne néophyte comme moi !








































